Un bref saut à Kathmandou pour faire mon visa pour l'Inde avant de partir pour Pokhara et la région protégée des Annapurnas. Les treks les plus mythiques s'appellent le tour des Annapurnas en 17 jours et le sanctuaire des Annapurnas en 12 jours. Mais je n'ai pas le temps de fouler un de ces parcours et une agence de voyage de Kathmandou me propose en 6 jours, "le panorama des Annapurnas". Je fais la connaissance de Gyan Gurung qui m'accompagnera pendant ces 6 jours. Un souriant petit népalais d'une cinquantaine d'années.
Le lendemain matin, départ pour Pokhara, un trajet de 7h en bus. En route, nous laissons quelques touristes à Dumré ; de là, ils partiront pour Besi Sahar et débuteront le circuit des Annapurnas. À Pokhara, les hébergements pour touristes s'égrainent le long du lac. Atmosphère reposante loin du brouhaha de Kathmandou. Une photo panoramique accrochée sur le mur de la réception de la guesthouse me laisse songeur. Par beau temps, le lac reflète les géants de 7000 et 8000m de la région mais, je dois me contenter de la photo.
Je me balade dans la rue touristique de Pokhara avant d'établir mon permis pour accéder à la zone protégée des Annapurnas. Un simple droit d'entrée au parc. Je dévore un plat de spaghetti avant de m'endormir, l'esprit saupoudré de neiges éternelles. Demain c'est le grand jour.
1er jour : Naya Pul => Hilé
Un minibus local nous dépose à Naya Pul à 1h30 de Pokhara. On charge nos sacs et on disparait dans les méandres du village. Premier pont de singe pour traverser la rivière et enregistrement auprès des autorités du parc. Il convient d'enregistrer son trajet, son nom et le nombre de jours dans le parc.
Un sentier s'éloigne du village. Je suis content de frotter mes souliers sur les chemins terreux de cette belle nature népalaise. Nous longeons la rivière. Les pluies de la mousson font des ravages. Quelquefois le sentier est impraticable et nous devons traverser les eaux tumultueuse de la rivière pour continuer sur l'autre rive. Cette première étape est courte et nous arrivons au village de Hilé. Un empilement de tôles ondulées sur des charpentes de bois multicolores avec des écriteaux divers : restaurant, guesthouse, delicious food, hot shower. La mousson est synonyme de saison creuse, et je suis le seul touriste de ce regroupement de maisons d'hôtes. Et pour 1 euro la nuit, il serait dommage de trimballer la tente. L'ambiance relaxante me fait réaliser le plaisir d'être là. De voir les champs étagés de la colline d'en face disparaitre au fur et à mesure où le crépuscule descend.
2e jour : Hilé => Ghorapani
Des escaliers encore des escaliers. Une montée harassante qui m'arrache des litres d'eau de sueur. 1200m de dénivelé. Plus ou moins haut, de bois ou de pierre, l'escalier est devenu un leitmotiv. la tête se lève pour scruter la suite du parcours mais c'est souvent le regard bas et fuyant qu'elle puise son énergie pour ordonner aux jambes de se soulever et d'avancer. De grosses gouttes ruissèlent sur mon visage et s'éclatent sur les marche de pierre. Les yeux oublient les paysages alentours et toute l'énergie s'enfuit dans les quadriceps. La souffrance se lit sur le visage des autres fous qui sont venus chercher un peu de détente et d'air frais dans la nature difficile des Annapurnas. Ghorapani. Une incomparable satisfaction m'envahit quand je me déchausse et pend mes chaussettes qui gardent entre ses mailles le fruit de l'effort. En face, les montagnes ne sont pas là. Où sont passés les Annapurnas et le Dhaulagiri ? Derrière l'épais rideau nuageux. Le confort d'une chaise et d'un plat de pâtes me combleront amplement.
3e jour : Ghorapani => Tadapani
Le réveil sonne. Le cadran indique 5h. Je penche la tête par la fenêtre et rien ne scintille dans le ciel. On annule l'ascension matinale vers Poon Hill, promontoire privilégié pour contempler le lever de soleil sur le massif enneigé. A une heure plus décente pour se lever, des fenêtres couleur azur entrouvrent la muraille grisâtre. les majestueux Dhaulagiri et Annapurna I apparaissent. Je dépouille du regard les arrête et éperons de l'Annapurna I et me mets à penser à Maurice Herzog et Louis Lachenal qui 50 ans en arrière devenaient les premiers alpinistes à réussir l'ascension d'un sommet de plus de 8000m. L'envie de lire le récit de cette aventure me dévore. Par chance, une petite librairie de Ghorapani détient une copie retraçant l'épopée de l'expédition française : "Annapurna, premier 8000". Le précieux livre au fond du sac, on s'aventure sur une nouvelle tranche d'escaliers.
A 3000m d'altitude, une buvette désaffectée se mêle à la tristesse du temps. Notre attente n'y changera rien. Nous pénétrons dans une forêt de rhododendrons. Corps tortueux qui se prolongent de fleurs aux teintes vives quand vient le printemps. Rivière en cascade, arbres majestueux dans un coulis de nuages duveteux, balade en corniche. Le menu est alléchant. Et dire que pour ce trek je pensais marcher dans la neige, sur un sol aseptisé, sur des cailloux irréguliers. Rien de tout ça, un nature verdoyante et virevoltante. Une eau cristalline qui remplit les oreilles quand les yeux sont occupés à vérifier où les pieds se posent. Overdose de couleurs. Le chemin joue avec l'eau. Des rondins de bois enjambent la rivière et on saute d'une rive à l'autre.
Arrivée à Tadapani, mes yeux se reposent enfin en allant et venant sur les premières lignes du récit de Maurice Herzog. La montagne sacrée du Machhapuchhare perce l'horizon. Silence... une bande d'admirateurs s'est levé. Les neiges de l'Annapurna sud scintillent. Silence toujours... La teinte orangée s'épaissit jusqu'à s'évanouir dans l'obscurité de la nuit naissante. Les pages du récit défilent.
4e jour : Tadapani => Landruk
Les troncs de rhododendrons reprennent leur valse. Un jeune népalais se décortique les dizaines de sangsues accrochées à ses pieds ensanglantés. Plus chanceux, j'en aurai que 2. Un peu plus loin, un buffle nous démontre la capacité de ces êtres horribles à boire du sang. Le diamètre de ces sales bestioles est passé d'un millimètre à plus d'un centimètre. Quant aux yeux, ils ne se trompent pas. Le spectacle est plus aérien. Jungle et montagnes. Belle oxymore.
5e jour : Landruk => Pothana
Courte journée. Un simple balade. La jungle s'éloigne et les rizières se dessinent. Je termine l'épopée himalayenne de Maurice Herzog et Louis Lachenal qui un certain 3 juin 1950 ont ouvert la course à la conquête des sommets de plus de 8000m.
6e jour : Pothana => Phedi => Pokhara
On atteint le village de Dhampus et entreprenons une longue descente vers Phedi. Le spectacle des Annapurnas se referme. Je vis mes derniers instants avec mon guide Gyan Gurung auquel je me suis attaché. Mais sur la route du retour vers Pokhara, assis dans ce bus brinquebalant, je m'assoupis. Et j'ai l'intime conviction que ces chemins mythiques sur les contreforts de l'Himalaya reverront mes semelles Vibram et que Gyan Gurung sera de la partie...
Fin des aventures népalaises...
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mercredi 12 septembre 2007
Panorama sur les Annapurnas
Par dorian le mercredi 12 septembre 2007, 16:28 - TDM-Népal
mercredi 15 août 2007
Les paysans artistes des rizières en terrasse de Ping'an
Par dorian le mercredi 15 août 2007, 13:25 - TDM-Chine
Louer un taxi pour la journée est sans doute la solution la plus simple pour rejoindre les rizières en terrasse de Ping'an. Le taxi nous laisse au pied de Ping'an. Un joli village niché dans la colline. Et de nombreux villageois ont compris la singularité des lieux puisque hôtels, restaurants et échopes de souvenirs bordent le labyrinthe d'escaliers qui s'élèvent dans les hauteurs. Des cartes plantées dans les embranchements indiquent les chemins pour rejoindre les points de vue dominant la vallée.
A la sortie du village, l'escalier continue à flanc de montagne. Sur notre gauche, d'harmonieuses courbes vertes fendent la vallée. Ces collines difficilement accessibles et à la géographie tortueuse ont été domptés par les cultivateurs du riz. Façonnées en petites restanques et percés de petits canaux d'irrigation. le riz arrive à maturité en cette période de l'année, et un vert éclatant revêt les ingénieuses terrasses de terre élevées par les artistes-paysans du conté de Ping'an.
Notre randonnée dans les rizières s'arrête devant les femmes Yao, minorité ethnique dont la longueur des cheveux (supérieur à 1m) leur a valu d'être inscrit au livre des records.
Les paysans jalonnent notre parcours. Qu'ils retournent la terre, repiquent le riz ou réparent un canal d'irrigation, ces travaux minutieux et insignifiants en apparence sont les briques élémentaires de ce patchwork de lignes sinueuses dessinant les paysages de ces collines.
Notre chemin nous laisse à Dazhai entouré de nouvelles rizières en terrasse palpitantes. Des proportions aux directions des courbes, des hauteurs des restanques jusqu'au vert hypnotisant des plants de riz, tout a été pensé pour offrir un spectacle grandiose. Et même s'ils sont artistes malgré eux, il y a un brin de génie dans les façonneurs de ces terrasses.
samedi 28 juillet 2007
Escapade sur la grande muraille
Par dorian le samedi 28 juillet 2007, 00:00 - TDM-Chine
Je me rappelle une image sur un vieux livre d'histoire. La grande muraille de Chine y était représentée et m'a fasciné tout comme ces dizaines de générations qui se sont pris à rêver des histoires qu'on racontait à son sujet. Les plus chanceux l'avaient vu et entretenaient le rêve et le mystère en relatant leur récit du voyage.
La muraille de Chine est avant tout un projet pharaonique. Le serpent de pierre court sur plus de 5000 km sur des montagnes escarpées et devait protéger la Chine des invasions mongoles. L'histoire montrera qu'elle n'aura pas été utile.
Depuis Pékin (Chengde pour nous) il y a plusieurs accès possibles à la muraille, les sites de Badaling et Mutianyu sont les plus proches mais également les plus prisés. La muraille a été entièrement restaurée et certains visiteurs n'apprécient guère le côté Disneyland de ces sites. Nous avons opté pour le site de Jinshaling. L'accès à la muraille se fait à pied ou en télécabine.
Nous marchons sur un petit chemin croisant des champs de maïs avant de grimper la colline qui nous sépare de la muraille. Pour les esprits peu sensibles aux vestiges de pierre, ce n'est qu'un mur séparant deux territoires mais la complexité des reliefs donne à la muraille une impression de vie, elle bondit de montagne à montagne, rampe et s'éloigne au-delà de la ligne d'horizon. Notre pas est lourd sur l'épine dorsale du serpent, la sensation est enivrante et captivante. La randonnée alterne escaliers grimpants et descentes raides. Les arrêts sont incessants, nos yeux sont aimantés par la ligne directrice de la muraille. Ils se nourrissent de ses ondulations et tentent de deviner sa progression lorsqu'elle plonge derrière une colline et jaillit sur la suivante. Chaque tour de guet offre un poste avancé sur ce qui se trame au loin.
L'impressionnante beauté de la muraille de Chine lui a valu d'être élu parmi les 7 nouvelles merveilles du monde, les autres étant le Colysée de Rome, le Tadj Mahall à Agra, le Machu Picchu près de Cuzco, Chichen Itza dans le Yucatan, la cité nabathéenne de Pétra, et la statue du Christ rédempteur à Rio de Janeiro.
30 tours de guet jalonnent les montées et descentes entre Jinshaling et Simatai. Cette portion de la muraille permet de commencer dans un site et terminer dans l'autre 4 heures plus tard. On évite ainsi un aller-retour sur la muraille (quoiqu'il n'y ait rien de déplaisant à ça). Une journée de rêve à planer sur une nature capricieuse domptée par la folie de l'homme. Une journée à tâtonner l'empire des anges.
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